Comment faire peur aux gens
© 2013 Sandra Wickham
L’avantage de recevoir des invités de marque tels que Dan Wells(I) à sa convention locale, c’est qu’on peut entendre les meilleurs dans leur domaine prodiguer de sages conseils tout près de chez soi. À la [convention de Vancouver – SF, heroic-fantasy et JdR] VCon, cette année, Dan a animé un atelier appelé “Comment faire peur aux gens”, chose qu’il fait souvent dans ses romans. Avec sa permission, je vais partager avec vous ce que j’ai retenu de cet atelier.
1. Établissez la normalité, puis brisez-la
La peur est notre réponse à quelque chose qui cloche. Assurez-vous donc que vos lecteurs sachent ce qui est normal dans votre monde et dans votre roman. Ensuite, lancez-vous et faites voler cette normalité en éclats.
2. Ce qui est familier devient étrange
Dan a donné l’exemple d’une scène du film Bienvenue à ZombieLand dans laquelle il y a des petites filles déguisées en princesses qui courent dans tous les sens. Mignon n’est-ce pas ? Non, parce que ce sont des zombies et que ça fiche la frousse. Les gens aussi peuvent devenir étranges, comme quand la personne avec qui vous sortez vous dit “Il faut qu’on parle”. Vous ne savez pas ce qui ne va pas, mais quelque chose a changé. Ça fait peur.
3. Faites-les attendre
Un groupe de gens est en train de parler base-ball et soudain une explosion emplit la pièce. C’est intéressant, mais sans grande accumulation de tension ou de peur. En comparaison, informer les lecteurs qu’il y a une bombe sous la table tandis que le groupe est en train de parler base-ball change complètement la scène.
Insister sur un passage en le faisant traîner, peut-être en décrivant avec force détails quelque chose qui ne mériterait pas tant d’attention est un autre moyen de les faire attendre. Ça rendra vos lecteurs nerveux.
4. Jouez sur les peurs de tout un chacun
“Parfois, une araignée suffit.”
Dan Wells
Nous ne sommes pas tous effrayés par les mêmes choses. Ce n’est donc pas toujours facile de déclencher ces peurs. En règle générale, nos plus grandes frayeurs sont déclenchées par nos points faibles. Durant l’atelier, nous avons sans difficulté établi une longue liste de choses qui effraient la plupart des gens comme : la paralysie, le noir, la trahison, la maladie, les relations nocives et bien d’autres encore…
5. Montrez le monstre
Pour finir, vous devez montrer la bête. Combien de fois la révélation finale n’est-elle pas à la hauteur de la montée en tension ? Dan suggère de ne jamais essayer de satisfaire les attentes, mais plutôt de les dépasser ou de les bousculer.
Dans Les Dents de la Mer I, on nous montre un requin au début, mais il est petit et mort. Quand on finit par voir le vrai requin, il est GIGANTESQUE, tout à fait vivant et couvert de sang.
Hannibal déjoue nos attentes. On le découvre d’abord au travers de ce qu’en disent les autres personnages ; combien il est horrible et les choses terribles qu’il a faites. Mais quand on le rencontre, il est calme, posé, et “ne paraît pas” effrayant. C’est précisément ce qui le rend complètement terrifiant.
J’espère que ça vous aidera dans votre écriture, et bonne chance pour effrayer vos lecteurs. Merci à Dan Wells dont l’atelier m’a fourni les bases de cet article, pour m’avoir permis de partager ses conseils avec vous.
(I) NdA : Dan Wells est un auteur qui varie les genres : de l’humour noir à la science-fiction en passant par le thriller surnaturel. Né dans l’Utah en 1977, il a passé ses jeunes années à lire et à écrire. Il est l’auteur des séries Partials et John Cleaver [traduites en français (NdT)]. Il a trouvé la reconnaissance grâce à son roman Je ne suis pas un serial killer, nominé pour les prix Hugo et Campbell. Wells a remporté deux prix Parsec pour son podcast “Writing Excuses” (en). [Retour]
Article original : How to scare people
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