Internet est votre antisèche

Téléchargez autre chose que des scénarios

Je ne suis toujours pas sûr d’apprécier l’ordinateur portable à une table de JdR. Peut-être que j’arriverai à me faire un avis définitif sur la question si je vois un MJ en faire un usage intelligent. Ma plus grande peur, je suppose, c’est de se déconcentrer. J’ai toujours pensé que la capacité des meilleurs MJ est l’attention qu’ils portent aux émotions de leur tablée. Les joueurs sont-ils captivés ? S’ennuient-ils ? Est-ce qu’ils ont besoin de se lâcher un peu ? De faire une pause bouffe ? Je crains qu’un ordinateur crée une barrière encore plus insurmontable entre un joueur et un maître de jeu qu’un écran de jeu démesuré ou utilisé trop souvent.

Là encore, c’est peut-être mon côté technophobe qui parle. Je n’ai jamais été témoin d’une telle chose sur le terrain, mais j’admets qu’il soit possible qu’une génération qui sache naturellement faire plusieurs choses à la fois vienne grossir les rangs rôlistes ; une génération qui peut garder un œil sur les compteurs dans le combat, un autre sur les figurines disposées sur la table et un troisième sur l’implication des joueurs. Oh, cet œil est de trop ? Désolé, mais j’ai regardé mes mails au milieu du paragraphe et me suis perdu dans mon compte d’yeux.

Peut-être qu’avec la connectivité sans fil qui nous guette, le futur des MJ repose dans les appareils portables. Je traite déjà mon PDA comme mon cerveau de secours, et encore, sans utiliser de connexion instantanée au web. Que ce soit un téléphone portable, un pager amélioré ou un mini-ordinateur, nous sommes tous habitués à voir nos amis tripoter les machines de leur choix, jusqu’au point où elles ne captent qu’à peine l’attention des joueurs au milieu d’une partie. Un appareil plus petit peut être consulté sans que vous n’ayez à détourner les yeux – par lesquels s’établit l’essentiel du contact avec les autres – de vos joueurs.

J’utilise déjà un petit programme dans ma campagne de D&D du moment pour garder trace de l’ordre de l’initiative, renommé pour être un cauchemar de lenteur. Pas besoin de vous dire tout le panel de possibilités qu’offre la technologie aux MJ, notamment la pratique disponibilité de n’importe quel point des règles d20 – avec moteur de recherche.

Bien qu’il soit intéressant d’obtenir des solutions à la complexité des règles de JdR via les appareils portables, d’autres astuces ou raccourcis attendent le MJ relié au net. Les règles font loi en situation de combat, mais c’est quand j’improvise des bouts d’intrigue que je me retrouve souvent à souhaiter avoir un accès à Internet discret, voire invisible.

L’aspect réaliste des noms contemporains est un exemple si évident que je le cite juste pour que vous ne pensiez pas que je l’aie oublié. Il est bien difficile d’inventer des noms mémorables et crédibles sans avoir d’antisèches.
Lorsque je me retrouve dépourvu d’inspiration, je jette un regard à la bibliothèque. Les auteurs de livres ou réalisateurs dont je possède les DVD ont ainsi, depuis des années, prêté leurs noms à des personnages mineurs, car cette étagère est juste à ma droite quand je joue. Avec un navigateur, mélanger et apparier les noms vous attendra à n’importe quel sitedejournal.com. Évitez les noms dans les rubriques people ou politique internationale – ils sont trop connus – et dirigez-vous plutôt vers les infos régionales. Les experts des articles scientifiques ont souvent des noms fabuleux. Naturellement, si vous prévoyez de publier vos scénars, échangez noms et prénoms, de façon à ne pas mettre une étiquette de cultiste de Dagon sur ce gentil prof de sciences qui parle du réchauffement climatique.

Un nom, c’est juste la première chose qu’il vous faut pour créer sur le champ un personnage avec de l’épaisseur. Sans aide extérieure, par défaut, je me retrouve à me tourner vers quelques stéréotypes : le crétin, le cynique désabusé et le méchant narquois à la répartie sournoise.

Pour trouver d’autres personnalités à mes personnages secondaires, je tape dans Internet Movie Database (http://www.imdb.com). Je commence par cliquer sur le premier nom qui tombe sous mon curseur dès la page d’accueil, ensuite sur leur filmographie, puis je descends et prends un acteur vers le milieu de la liste. (Les liens du haut sont souvent dédiés aux films qui ne sont pas encore sortis, et qui n’ont donc pas de longs génériques.) Si jamais j’ai encore besoin d’un acteur dont je veux m’inspirer, je modifie un des chiffres de l’URL du film, au hasard. Ça m’amène à un autre film, qui, avec un peu de chance, m’amène vers un autre film, qui peut-être sera anglais ou comportera des acteurs que je connais. Et alors, à la place d’avoir encore un crétin, mon vendeur au marché sera joué par Eugene Pallette, un acteur de comédie à la voix explosive. Pour un méchant peu ordinaire, je prendrai un acteur à contre-emploi si par exemple je tombe sur le nom du retentissant génie du théâtre qu’est John C. Reilly. Cette astuce fonctionne de façon optimale pour ceux qui sont déjà dotés d’une bonne connaissance des acteurs de seconds rôles, mais même un cinéphile amateur pourrait se servir de stars avec des caractères marqués, pour distinguer ses PNJ mineurs les uns des autres.

Eugene Palette

John C. Reilly

Ebay est une très bonne source pour documenter les descriptions de trésors. Vous avez besoin d’un schmilblick ? Essayez la section antiquités. Quant aux catégories bijouterie et art, elles vous permettront d’obtenir des images de toutes sortes pour le butin “exotique”.

Les images procurent non seulement un effet de réel qui stimule l’imagination de vos joueurs, mais peuvent répondre aux questions à votre place.

Les petites annonces immobilières, ou agences en ligne, vous fourniront un nombre respectable d’intérieurs modernes. Un après-midi à remplir vos favoris mettra les meilleurs sites de ce genre à portée de vos doigts.

Pour avoir un aperçu de ce que vous voulez vraiment, le moteur de recherche d’images de Google est celui qui procure les résultats les plus fiables. Le site d’hébergement de photos Flickr est de bon aloi, en ce qui concerne les photos de gens de notre époque, sachant que les modèles sont plutôt jeunes.

Pour l’inspiration par des images, cela dit, Flickr est un paradis pour l’association d’idées, même sans inscription. Son énorme variété d’utilisateurs et leur système de tags personnalisés (souvent bancal) mettra à votre portée tout un panel de vues inattendues, le tout en un simple mot-clé. Ça marche très bien pour improviser, les soirées où vous avez l’impression de maîtriser avec vos pieds. Après une recherche de base, cliquez sur “Les plus intéressantes” pour obtenir les images les plus évocatrices. Presque tous les termes, aussi abstraits soient-ils, vous donneront des résultats capables d’éveiller une idée. Au moment de l’écriture de cet article, Cthulhu avait 399 photos en galerie. Le mot “mortalité”, 155 et “trésor”, plus de 1300.

Sur ce, je vous laisse avec un exercice. Créez l’amorce d’une aventure prenant place dans l’univers contemporain de votre choix, en prenant votre inspiration de trois images de Flickr, une pour chacun des mots-clés suivants : burden, hellfire, forget [“fardeau”, “feu d'enfer”, “oublier”. Les mots-clés en anglais ramènent de meilleurs résultats, NdT]. Ceux que cela intéresse de prouver la supériorité de leur associations d’idées sont invités à poster leurs synopsis sur le forum de PTGPTBvf.

Commentaire de yoda

Mon site préféré (avec le srd D&D 3.5) en cours de partie : http://www.gunof.net/ Idéal pour improviser à la volée un nom de PNJ, de taverne, etc.

Article original : The Internet Is Your Cheat Sheet

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