Les Postures des joueurs

Programme du #RPG July

La posture de joueur n'est pas vraiment un sujet lié à la création d’un jeu de rôles, il s'agit plutôt de la façon qu'a un ou une joueuse de jouer et d'interpréter son personnage. En général, on distingue trois postures de joueur et une réservée au MJ.

Les postures de joueur sont celles d'Acteur, d'Auteur et de Metteur en scène. La quatrième posture est celle de Pion, elle s’applique lorsque le MJ actionne des PNJ, ne considérant en général que leur décision de prendre la fuite ou de rester sur place.

Les joueurs.euses peuvent changer de posture sans transition, parlant avec la voix de leur personnage en posture d'Acteur, décrivant ses mouvements en posture d'Auteur puis prenant des décisions au sujet de leur environnement en posture de Metteur en scène.

Certains jeux peuvent encourager l'utilisation de la posture de Metteur en scène. Utiliser un point de destin ou de chance qui modifiera le résultat d'un jet pour vous éviter la mort relève de la mécanique pure, mais si vous l'utilisez en décrivant comment au dernier moment vous vous êtes saisis d'un sac de farine pour parer le coup, vous adoptez la posture de Metteur en scène : vous contrôlez la scène et créez des accessoires.

Certains jeux, comme Fate grog, encouragent activement la collaboration entre joueurs pour créer l'environnement et décrire les scènes, autrement dit, la posture de Metteur en scène. D'autres jeux confient ce pouvoir au seul MJ.

La plupart du temps, les joueuses alternent entre postures d'Acteur et d'Auteur. Ils ou elles décrivent les actions, ce qui est dit et comment, en tant qu'Auteur, passant ensuite à la posture d'Acteur lorsqu'on s'adresse directement à leur personnage, ou lorsqu'il faut décider d'une réaction en fonction d'un historique, d'une motivation ou d'un alignement. Les réactions personnalisées sont typiques de la posture d'Acteur.

L'équilibre entre postures d'Acteur et d'Auteur revient aux joueurs.es en fonction de leur aisance à interpréter un rôle devant les autres.

Le jeu sans MJ (Solo Time)

Lors d'une partie sans MJ, les joueurs et les joueuses ont accès aux quatre postures en permanence, quelle que soit l'idée des créateurs du jeu. Il n'y a rien qui empêche tel ou tel style, et surtout pas de pression sociale pour privilégier une posture plutôt qu’une autre.

Cela ne veut pas dire que vous pouvez simplement manipuler l'univers pour en tirer profit – bon, en fait si, mais lorsqu'on joue sans MJ, les mécaniques de questions et réponses établissent certains faits que l'on doit respecter : il existe une sortie ou pas, il y a un canot de sauvetage ou pas. Ce sont des faits et ils font partie du jeu. D'un autre côté, de nombreux choix concernant l'univers ne seront jamais soumis à l'Oracle (1). Si c'est évident, on ne demande pas : vous prenez une décision et elle devient réalité.

Dans les parties sans MJ, la frontière entre les postures d'Acteur et d'Auteur est moins nette. Je vois bien sûr mon personnage de l'extérieur ; je ne perçois pas ce qu'il ou elle perçoit. Je connais ses motivations, sa façon de parler et ses sentiments, et je peux les interpréter. Mais dans le même temps j'observe les scènes se dérouler à la troisième personne lorsque je les imagine.

Posture de Metteur en scène ou de Pion

Dans le jeu sans MJ, cette posture a le plus grand potentiel de faire avancer les choses. Récemment, je suis tombé sous le charme des « horloges » des systèmes motorisés par l'Apocalypse. Dès qu'il se passe quelque chose hors-champ, on démarre une horloge qui avance inexorablement. Lorsque vous essayez d'être discret, chaque jet raté peut faire avancer l'horloge jusqu'au point où les gardes sont alertés.

Vous pourriez définir une horloge en temps réel, qui avancerait toutes les 30 secondes de jeu. Lorsque le compte à rebours est terminé, la police débarque.

Je suis à fond dans les horloges en ce moment : elles ont ce qu'il faut pour déterminer l'arrivée des Pions sur la scène. Dans le système de règles One Page Solo, on lance un d6 pour décider aléatoirement des actions des combattants.

Et voici le clou de cet article ! Vous n'êtes pas sans savoir qu'il est censé exister 5 étapes de la culpabilité. Dans la même veine, je viens de lire qu'il existe un cycle de la colère qui se passe comme ceci :

  • Repos (pas de colère),
  • Développement graduel,
  • Explosion,
  • Culpabilité/remords.

Alors, plutôt que de lancer un d6 pour demander à l'Oracle si ce PNJ va vous attaquer, vous lancez un d4 pour le placer dans le cycle de la colère. S'il est plutôt hostile et se trouve au stade de l’Explosion, vous pouvez imaginer le résultat. S'il se trouve au stade du Développement graduel, vos actions et votre interprétation pourraient le pousser à l'explosion, ou peut-être le calmer.

On pourrait aussi réduire les 5 étapes du deuil (2) à 4. Ce qui nous donne deux cycles d’états d’esprit des PNJ. Une recherche rapide m'a fait découvrir quatre étapes des relations amoureuses : tomber amoureux, se mettre en couple, désillusion, véritable amour durable.

C’est pourquoi je ne peux m’empêcher de penser qu'avec un peu de préparation, le comportement des Pions pourrait être entièrement géré par un outil simple comme un Oracle.

Article original : #RPGTheoryJuly-27th – Player Stance


(1) NdT : Dans de nombreux systèmes de JdR sans MJ (solo) (en particulier le générique Mythic), on formule une question dont la réponse sera donnée aléatoirement avec un outil souvent appelé « Oracle » pour établir certaines vérités sur l'univers ou l'environnement. La réponse peut être un simple « oui » ou « non », « oui mais/et » ou « non mais/et » ou bien tirée d'une table avec un thème particulier. Lire Se lancer dans les JdR en solitaire ptgptb pour plus d’informations. [Retour]

(2) NdT : Le modèle Kübler-Ross, ou les cinq étapes du deuil, postule une série d'émotions ressenties par des malades en phase terminale avant leur mort. Ces cinq étapes sont le déni, la colère, le marchandage, la dépression et l'acceptation. [Retour]

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Pour aller plus loin…

Approfondissez les notions de postures de joueurs (et la théorie LNS) avec ces trois articles :

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