Une Floraison tardive
Il était une fois : Découvrir le jeu de role un peu plus tard que la plupart
Je suis venu tard au jeu de rôle. J’en avais entendu parler à l’école et au début de mon cursus universitaire, et j’étais intéressé mais me trouvais limité par le fait que personne n’y jouait beaucoup. Un de mes amis avait quelques-uns des livres à l’école, que je parcourus mais sans vraiment réaliser ce qu’il y avait derrière. Tous ces chiffres et ces caractéristiques m’attiraient et cela semblait être un jeu auquel j’aimerais jouer. Encore plus plaisante était l’idée de devenir un sorcier ou un guerrier et de rejouer des épopées littéraires.
J’avais quelques amis à l’université qui pratiquaient le jeu de rôle, mais à l’époque ils ne semblaient jamais être engagés dans une partie. Certains d’entre eux essayèrent de m’expliquer les principes de base mais je ne comprenais toujours pas vraiment certains concepts, comme celui de "MJ". Comment pouvait-on simplement, tout inventer ? Comment pouvait-on être sûr d’être impartial ? J’étais très naïf en ce temps-là.
Ma première expérience de jeu de rôle fut sur ordinateur. J’ai joué à un jeu de TSR appelé Pools of darkness (I) . Je m’en souviens encore avec émotion. Non seulement j'y ai joué seul, mais je fis un peu de jeu de rôle collectif avec des amis. Nous avions chacun un personnage et nous nous rassemblions autour de l’ordinateur. Nous décidions ensemble où les personnages se rendaient, et lorsqu’un combat survenait, nous contrôlions chacun notre personnage. C’était sympa, mais nous ne sommes pas allés très loin (ce qui était dû, en partie, au fait que je n’arrêtais pas de débrancher accidentellement l’ordinateur). On a aussi fait quelques MUDs [Multi User Dungeons : jeux d’aventures multi-joueurs via Internet; l'ancêtre des MMORPG (NdT)]. Là aussi il y avait quelques aspects du vrai jeu de rôle, et c’était probablement ce qui s’en rapprochait le plus parmi mes expériences. Mais ce n’était toujours pas ça.
C’est par ces amis que je finis par être impliqué dans ma première vraie partie. Un de mes amis jouait dans une nouvelle campagne, avec des personnages de niveau raisonnablement bas, et je fus invité à m’y joindre. J’empruntai un exemplaire du Manuel des joueurs ainsi que quelques manuels de classe de personnage et me plongeai dedans pendant de nombreux jours. Je ne sais pas dans quelle mesure j’avais compris ce que j’avais lu, mais j’étais assez perplexe quand vint le moment de créer mon personnage, ce samedi matin à dix heures.
On détermina les caractéristiques de mon perso manière classique et je pense qu’il avait 17 en Dextérité ; je me décidai donc pour un voleur. Ce qui me conduisit à des choix longs et difficiles concernant la répartition des points de compétences parmi les compétences de voleur, suivi par le choix de mon équipement compte tenu de mes maigres moyens (II).
La création de personnage a toujours été l’un de mes moments favoris du JdR. Un personnage ne se débrouillera pas forcément très bien dans une campagne, il ne sera pas forcément si drôle à jouer, mais au moment où je le crée, j’imagine toutes les manières dont il pourra être remarquable. La création d’une personnalité, d’une histoire et les possibilités infinies de ce personnage dans l’univers du jeu, c’est tout simplement merveilleux. Je connais beaucoup de gens qui créent des personnages qu’ils n’incarneront probablement jamais dans une campagne. Je pense que c’est pour ce genre de raisons.
En ce qui me concernait, mon personnage avait alors des possibilités illimitées, pour sûr. Il pouvait se cacher dans l’ombre, il pouvait entendre les bruits, il avait des dagues acérées, une épée courte et il savait comment s’en servir (quoique pas forcément très bien). Le personnage était créé et je voulais jouer. Malheureusement il restait encore beaucoup à faire. Nous avons passé environ une demi-heure à trouver un moyen plausible pour que nos personnages forment un groupe (le MJ était quelque peu à cheval sur les détails). Il y eut quelques problèmes avec certains des personnages, mais nous avons finalement réussi à avancer.
Comme le groupe de PJ quittait la ville, j’essayais de faire tout ce qui était possible pour un voleur. J’allais en reconnaissance, me cachant dans l’ombre, prêtant l’oreille aux bruits, rendant certainement la vie difficile au MJ. Puis un chariot surgit au bout de la route ; et je ne sais plus pourquoi, mais il avait quelque chose de louche. J’étais en tête du groupe et je décidai de sauter à l’arrière du chariot, au moment précis où le magicien du groupe décida de le dégommer avec une boule de feu.
C’était ma première partie de jeu de rôle et, en moins de cinq minutes, mon personnage avait réussi à se retrouvé à moitié mort brulé, littéralement par le feu de ses alliés !
Plus tard dans l’après-midi, j’ai découvert ce qu’était un Gros Bill : un mage de troisième niveau avec un molosse satanique comme familier.
Entre-temps, nous nous étions retrouvés dans une grande bataille où je devins très fort pour poignarder dans le dos. Nous étions à un contre cinq mais cet écart fut rapidement réduit quand le magicien lança quelques sorts. J’ai vu un sort d’agrandissement utilisé pour élargir l’armure d’un prêtre et l’empêcher de lancer ses sorts, ce qui me sembla plutôt intelligent. Mon personnage parvint à survivre, même si ce fut de peu (III) . A posteriori, ce fut une honnête introduction au jeu de rôle : un grand groupe de gens qui savaient ce qu’ils faisaient et un MJ qui équilibrait correctement fluidité et organisation.
Malheureusement le groupe se sépara et ne continua jamais la campagne, mais, au moins, j’avais joué ! D’autres campagnes furent lancées par d’autres personnes de ce groupe et je me trouvai aussi d’autres amis qui commençaient des campagnes. À l’université, le sommet de ma carrière de rôliste, j’étais dans trois groupes qui jouaient tous assez régulièrement. Depuis lors j’ai joué avec 4 ou 5 systèmes différents, dans une douzaine de campagnes et avec une vingtaine de personnages ou plus. J’ai même maîtrisé.
En ce moment, cependant, mon activité de rôliste est au point mort. J’ai dû déménager et laisser mes groupes derrière moi. Je n’ai pas activement recherché à faire du jeu de rôle, parce que, pour moi, ça a toujours été une activité que j’ai pratiquée avec des amis, et pas une activité en soi. Mais je suis sûr qu’un jour un de mes nouveaux amis fera allusion à son Magicien Elfe de niveau 10 et je saurai alors que je me trouverai de nouveau parmi les initiés. Et nous pourrons nous alors repartir pour l’aventure...
Article d'origine : Once Upon A Time - Late Bloomer
(I) NdlR : Malgré des apréhensions à l’époque, les jeux de SSI comme Pools of Darkness parvinrent à amener quantité de nouveaux joueurs aux "vrais" jeux de rôle. [Retour]
(II) NdlR : Juste par curiosité, est-ce que quelqu’un s’est effectivement servi des six piques métalliques et du marteau ? Faites-le-nous savoir ! [Retour]
(III) NdlR : Nombreux sont ceux parmi nous qui ont des anecdotes sur la manière dont nous nous sommes fait éliminer assez rapidement lors de notre première partie. Pourquoi ne pas nous le raconter dans les commentaires? [Retour]
Pour aller plus loin…
Cet article est reproduit dans l'e-book n°25 de notre 20e anniversaire - Souvenirs, souvenirs - qui rassemble les moments de découverte du JdR par les Australiens de ptgptb.org
Mention légale importante
Nous vous encourageons à faire un lien vers cette page plutôt que de la copier ailleurs, car toute reproduction de texte qui dépasse la longueur raisonnable d’une citation (c’est-à-dire, en règle générale, un ou deux paragraphes) est strictement interdite. Si vous reproduisez une grande partie ou la totalité du texte de cette page sans l’autorisation écrite de PTGPTB (version française), et que vous diffusez ladite copie publiquement (sites Web, blogs, forums, imprimés, etc.), vous reconnaissez que vous commettez délibérément une violation des lois sur le droit d’auteur, c’est-à-dire un acte illégal passible de poursuites judiciaires.
Ajouter un commentaire