Création de perso

présente

Une autre méthode de création de personnage

Il me semble que les systèmes de création de personnage sont en fin de compte limitatifs ; ils sont pensés pour être des restrictions. À chaque fois, ils ont pour fonction d’établir les minimums et les maximums pour les caractéristiques des personnages-joueurs.

Les systèmes basés sur les dés – ou d’autres formes d’aléatoire – le font essentiellement en déterminant l’intervalle possible pour chaque capacité. Dans un système bien conçu de ce genre, les personnages-joueurs seront sensiblement meilleurs que le péquin moyen, pour ainsi dire, et les différences entre eux seront suffisamment importantes pour rendre le jeu intéressant sans qu’un seul personnage ne domine toutes les situations.

Les systèmes de création par points parviennent généralement au même résultat en limitant la “puissance” totale qui peut être investie dans un personnage, et en autorisant le joueur à répartir cette puissance comme il le veut, en spécialisant le PJ ou non. Dans la majorité des jeux de ce type, il est plus rentable de jouer un spécialiste, car d’une part il n’y a pas assez de points pour être “bon partout”, et d’autre part être “juste au-dessus de la moyenne partout” n’est pas très jouable. Ainsi, les différences entre personnages proviennent d’une volonté de mettre en avant tel ou tel aspect, car le choix des priorités est essentiel.

J’ai plus d’une fois joué des personnages généralistes, dont l’objectif était d’être au moins compétent dans tout, puis de s’améliorer partout à la fois. Dans un système de création par répartition (en fait, dans à peu près tous les jeux), vous avez toujours la tentation de créer le superbe généraliste, le touche-à-tout qui peut faire n’importe quoi – et le faire bien –, le personnage que l’on ne croise que dans la fiction, comme le Grand Leslie (dans La Grande Course autour du monde (wiki)) ou le Terrible Pirate Roberts (dans Princess Bride (wiki)). La limitation des points empêche de créer ce personnage, et évite ainsi qu’un joueur ne domine la partie parce que son personnage peut tout faire.

Leslie

Les systèmes à répartition de compétences sont similaires. Si tout ce que les personnages doivent savoir faire est mis dans un pot puis réparti équitablement entre les différents joueurs, vous évitez encore une fois que quiconque ne domine la partie. Vous ne pouvez pas avoir quelque chose si quelqu’un d’autre le possède. Certains appellent ceci la protection de niche. C’est une forme particulière d’équilibre du jeu qui signifie, en essence, que quelles que soient les forces de votre personnage, elles auront leur importance parce qu’elles sont pertinentes et que personne d’autre ne les aura [comme les classes de personnage dans AD&D]. Les personnages généralistes sont les ennemis de la protection de niche ; d’un autre côté, si la protection de niche est poussée trop loin, la perte d’un personnage peut paralyser le groupe.

Même les JdR modernes dont la création de personnage est “narrativiste” intègrent ces restrictions. Un jeu dira souvent quelque chose comme : “Décrivez votre personnage en cinq traits”, en pensant que cela a éliminé les limitations. Ce que cela a fait, c’est déplacer les limites à ces traits descriptifs. Je peux maintenant les utiliser soit comme généraliste, soit comme spécialiste. Si je les utilise pour spécialiser mon perso, il sera vraiment bon dans un domaine restreint ; si je les disperse, il se débrouillera dans plus de choses.

Au premier coup d’œil, Multiverser (1) semblerait avoir ignoré toutes ces limitations. Les règles partaient de l’idée de vous créer vous-même comme personnage, donc les limitations pour la plupart des personnages consistent à définir adéquatement et avec précision le joueur. Si vous vous décrivez vous-même comme l’égal d’un champion olympique de natation, l’Arbitre pourrait vous mettre au défi de fournir une preuve que vous êtes à ce niveau ; alors que si vous vous contentez d’affirmer que vous avez suivi une formation de maître-nageur-sauveteur et que vous faisiez partie de l’équipe de natation de votre université, vous aurez sans doute un niveau professionnel, mais pas expert, dans ce domaine.

Décrire le personnage en termes de règles, pas créer le personnage à partir des règles

Cependant, les règles vous permettent aussi de jouer des personnages autres que vous. À ce stade, le joueur imagine ce qu’il veut être. S’il prend un personnage d’un autre univers, comme James Bond, Luke Skywalker ou Mon elfe guerrier mage de la campagne D&D d’à côté, les limitations viennent avec. Mais s’il dit simplement “C’est ça l’idée de mon personnage”, ça peut être absolument n’importe quoi, et il n’y a pas de limite à cela dans les règles.

Toutefois, il y a une limite subjective incluse : le joueur doit faire valider son personnage par l’Arbitre. Personnellement, je peux difficilement imaginer un personnage que je n’approuverais pas ; mais ensuite, je peux toujours ajuster le niveau de la partie à celui du personnage. Le concept de Multiverser est complètement libre (freeform) ; c’est-à-dire que sa création de personnage consiste à décrire le personnage en termes de règles, pas à créer le personnage à partir des règles. Comme il est généralement joué en mode “Je me joue moi-même”, il s’agit d’essayer de se représenter soi-même dans la partie le plus précisément possible ; mais dans le cas où vous jouez quelqu’un d’autre (ou si l’Arbitre veut créer des personnages non joueurs), c’est le même processus : comprendre ce qu’est le personnage, puis le transcrire sur papier comme vous l’avez imaginé.

Je voudrais approfondir d’autres méthodes de génération de personnage. Les systèmes aléatoires et les systèmes à points ont tous les deux beaucoup d’avantages et beaucoup d’inconvénients. Cette fois-ci cependant, nous allons juste nous étendre sur la notion de création libre de personnage en examinant une autre manière de procéder.

Flash Gordon

Une autre méthode de création de personnage

Chaque joueur prend une feuille de papier et y écrit le concept de son personnage. Il devrait y mettre le nom du personnage, toute description qu’il pense importante, et une idée de qui est le personnage y compris le genre de capacités dont il dispose, sans faire référence à des règles ou mécanismes de jeu. Pour le Dr. Zarkov de Flash Gordon (wiki), on pourrait écrire :

Un scientifique brillant dont les théories l’ont mis à l’écart des cercles scientifiques traditionnels et l’ont ainsi forcé à développer des compétences dans un vaste ensemble de technologies, afin de poursuivre son œuvre de construction d’équipements d’exploration spatiale.

Pour Flash lui-même on lirait :

Champion de football américain universitaire, dans le moule du beau héros, doué de nombreuses capacités physiques associées à un sens instinctif de la stratégie, mais sans intérêt marqué pour l’éducation.

Pour rester dans le groupe, Dale Arden pourrait être décrite comme :

Une étudiante incroyablement belle, avec des principes moraux forts et la volonté de les respecter envers et contre tout, avec une force intérieure qui la fait continuer à avancer.

Une fois ces textes écrits, chacun passe son papier à son voisin de gauche. Ce joueur lit le papier et se demande “Si je devais traduire ce personnage en termes de jeu, comment le ferais-je ?”. Il convertit le personnage en caractéristiques de jeu, puis le rend au joueur à l’origine du concept. De toute évidence, le personnage de Zarkov aura une grande intelligence et de nombreuses compétences appropriées en sciences et en technologie ; et le personnage de Gordon aura une grande force, agilité, endurance et peut-être des compétences personnelles. À aucun moment nous n’avons eu à lancer des dés ni à compter des points. Chacun a le personnage qu’il veut tout en respectant les exigences de la partie. L’évaluation de l’équilibre du personnage dans la partie est déterminée par un autre joueur, dont l’intérêt est de s’amuser et de s’assurer que les personnages sont des membres essentiels de l’équipe, y compris le personnage qu’il souhaite jouer (2).

Nous n’avons pas fini de parler de système de génération de personnages et des idées pour les améliorer…

Article original : Chargen

(1) NdT : Multiverser est un jeu de rôle écrit par l’auteur, non traduit. Les personnages-joueurs évoluent à travers des univers (médiéval-fantastique, space opera), avec leurs propres lois (existence de la magie, technologie…). [Retour]

(2) NdT : HeroWars/HeroQuest a un système de création similaire : chaque joueur décrit son personnage en 100 mots, puis le MJ et le joueur transforment ce texte en mots-clés, parmi lesquels ils répartissent un ensemble de valeurs prédéterminées. [Retour]

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Pour aller plus loin… Hydre couchée

Cet article fait partie de l'ebook PTGPTB n°16 intitulé Mon perso, ce héros, que vous pouvez consulter pour de plus amples développements.

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