La Salle sensorielle

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J’ai pas mal de travail sur plusieurs thématiques ces derniers temps. J’en profite donc pour remettre sur le tapis l’une d’elles que j’avais rapidement mentionnée dans d’autres articles abordant la sécurité émotionnelle avant de la laisser de côté : il s’agit de la salle sensorielle ptgptb. Je vais essayer d’expliquer un peu plus en détail ce qu’est une salle sensorielle, ce qu’elle n’est pas et comment en créer une qui réponde aux besoins de tous les joueurs et joueuses. J’espère que ça vous sera très utile.

Je viens de me rendre compte en écrivant cet article que je n'ai aucune photo de salle sensorielle, que ce soit d’un GN que j’ai créé ou auquel j’ai participé ; mais je vous assure, on en a, et je tâcherai de mieux les documenter à l’avenir xD
Par ailleurs, l’illustration ci-dessus vous donne déjà une idée [de ce à quoi peut ressembler une salle sensorielle].

Qu’est-ce qu’une salle sensorielle ?

Une « salle sensorielle » ou safe room est un espace calme disponible pour tout le monde : quand une personne se sent dépassée par une situation liée à la partie de jeu de rôle en cours, elle peut s’y rendre si besoin. Cette appellation vient des GN, où elle est utilisée depuis quelques années, mais le terme pourrait parfaitement s’appliquer dans notre quotidien où des situations similaires peuvent arriver.

La salle sensorielle doit être un lieu calme, de préférence sous la supervision d’une personne responsable de l’organisation. On peut y trouver de quoi manger et boire, une armoire à pharmacie et un coin pour se reposer. Cette salle est d’autant plus importante pour les GN les plus intenses ou qui peuvent avoir un impact sur certaines conditions physiques telles que la faim ou le manque de sommeil. C’est donc dans cette salle que les joueurs.euses peuvent se réfugier si ielles se sentent dépassées par la situation, si un problème est survenu en jeu ou si ielles traversent tout simplement une surcharge sensorielle et qu’elles ont besoin de se reposer.

Pourquoi faut-il avoir une salle sensorielle ?

Les salles sensorielles font partie des mesures de sécurité réactives qui fonctionnent particulièrement bien pour les GN, bien plus que les mots de sécurité (1). Le fait de disposer d’un lieu de repos et de détente après un moment hautement émotionnel peut faire la différence entre passer un bon moment et le voir se transformer en un véritable cauchemar, notamment en ce qui concerne la nourriture ou le sommeil.

En outre, les salles sensorielles facilitent grandement l’accès de votre JdR aux personnes présentant une diversité fonctionnelle, notamment les personnes neuroatypiques et les personnes souffrant d’une maladie ou d’un handicap chronique. Ces salles leur permettent de se retirer du jeu sans aucun jugement, de se reposer dans un endroit calme, de manger si nécessaire et de s’éloigner du bruit et des personnes qui peuvent provoquer une surcharge sensorielle hors de ces salles.

Même si ça n’en a pas l’air, c’est tout aussi important de disposer de ce type de salles lors des conventions, en particulier pour les personnes qui n’ont pas de logements individuels ou de chambres sur place où elles peuvent se retirer pour se reposer un moment si nécessaire (2).

Comment créer une salle sensorielle

Pour créer une salle sensorielle, il vous faut :

  • Un espace calme, un peu à l’écart de l’agitation de la zone de jeu, mais rapidement accessible : personne n’a envie de marcher 20 minutes pour rejoindre une salle sensorielle lorsqu’il ou elle ne se sent pas bien !
  • De quoi manger, de préférence des aliments riches en calories, sucrés ou salés, tels que des biscuits, du chocolat (un indispensable !), des fruits secs, etc. En résumé, de quoi grignoter si les gens en ont besoin.
  • De quoi boire. Il faut avant tout prévoir un point d’accès à l’eau, que ce soit un robinet ou de l’eau en bouteille. Je vous recommande aussi de prévoir du thé ou du café si nécessaire : en cas de baisse de tension, la caféine peut aider à la faire remonter. Vous pouvez aussi prévoir des boissons non alcoolisées et bien sûr des jus de fruits, qui restent indispensables pour les personnes diabétiques.
  • Un endroit confortable pour se reposer : des chaises, des fauteuils, un lit, etc. Même si ce n’est qu’un simple matelas posé au sol, je vous recommande fortement d’ajouter un lit si vous le pouvez, pour que les participant.es puissent s’allonger s’ils ne se sentent pas bien. N’oubliez jamais de prévoir des sièges adaptés aux différentes situations de vos participants : certaines personnes handicapées ne peuvent pas utiliser certains types de chaises.
  • Une armoire à pharmacie. La salle sensorielle est l’endroit parfait pour stocker une trousse de secours, car c’est ici que les gens se rendront en cas d’accident, en particulier s’ils ne trouvent aucun orga dans la zone de jeu. Vérifiez que la trousse de secours est en bon état, qu’elle est conforme aux réglementations nationales (aucun médicament ne peut être dispensé) et qu’elle contient du sel/sucre en cas de besoin.
  • Indiquer correctement l’entrée.
  • Un membre de l’organisation aura pour rôle d’aller vérifier si la salle est occupée (ou d’y rester en permanence).

Ce qu’il faut éviter

  • Des musiques ou bruits répétitifs. Ça ne sert à rien d’avoir une salle sensorielle si cette dernière est située sous le groupe électrogène qui alimente les illumination... si cette salle a pour but d’être utilisée en cas de surcharges sensorielles.
  • Une lumière trop forte.
  • Partager l’espace avec la salle des organisateur.trices, à cause du stress parfois très élevé qui peut y régner ; elle peut néanmoins être située à proximité ou dans un espace adjacent afin de vérifier régulièrement son occupation.

Assurez-vous en plus de communiquer clairement à vos joueurs et joueuses :

  • Que la salle sensorielle est disponible à tout moment 24h/24.
  • Que ce n’est pas une salle de jeux, mais une ressource en matière de sécurité émotionnelle : il faut donc en faire bon usage.
  • Si un membre de l’organisation sera présent de manière permanente - ou pas - et si la salle sert également de « point violet » [un « Punto Violeta » en Espagne est un lieu pour accompagner les personnes victimes de violences sexistes (NdT)].

Conclusion

J’espère avoir pu vous aider à comprendre ce qu’est une salle sensorielle et comment l’intégrer à vos GN pour les rendre plus sûrs et plus accessibles pour tout le monde. Si vous avez des questions, vous savez où me trouver.

Et si vous souhaitez approfondir les différents sujets liés à la sécurité émotionnelle, vous pouvez lire les articles suivants :

Et, comme toujours, si vous me payez un café, je vous en serai éternellement reconnaissante.

Article d'origine: La sala segura


(1) NdT : Pour des exemples de mots de sécurité et d’autres techniques, vous pouvez aller voir notre article sur les outils de sécurité émotionnelle ptgptb. [Retour]

(2) NdT : L’article Un peu de calme en conventions ptgptb témoigne de ce besoin de salles sensorielles en général. [Retour]

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