La difficulté dans les jeux vidéo

© 2012 Noah Chinn

Quel est le dernier jeu vidéo qui t'a marqué pour sa difficulté ? Avant, on avait un nombre limité de "vies" pour finir un jeu, tant pis si tu n’y parvenais pas. Cette tradition, inspirée directement des jeux d’arcade, devait pousser le joueur à dépenser encore plus d’argent. Désormais, la plupart des jeux vidéo proposent des options pour réduire la difficulté du jeu ou, en tout cas, permettent de réussir à force d’essais et de persévérance. Je n’arrive pas à me souvenir de la dernière fois où j’ai entendu des joueurs se plaindre de la difficulté d’un jeu (ce qui était pourtant le cas sur les jeux de console de première ^wiki ou seconde ^wiki génération).

Quand j’étais plus jeune, j’adorais un jeu qui s’appelait Elite ^wiki. À l’époque, les jeux se résumaient à deux types : les sidescrollers ⁽¹⁾ et les jeux en vue du dessus. Ici, le but [du jeu Elite] n’était pas de tirer sur tout ce qui bouge : ce jeu m’a permis de réaliser un rêve d’enfance alors que j’étais toujours un gosse.

Le principe du jeu est simple : tu commences par un vaisseau et un peu d’argent, puis tu es lâché au milieu de l’espace avec pour seule consigne "Amuse-toi !". Rien de plus. À partir de ce moment, tu te débrouilles ! Il est possible de choisir entre toute une série d’activités qui te permettront de gagner de l’argent, d’acheter un nouveau vaisseau et plus essentiellement de t’en sortir dans cet univers.

Tu peux faire du commerce en voyageant de planète en planète, voler des marchandises ou au contraire te faire payer pour chasser les voleurs, partir à la recherche d’astéroïdes couverts de métaux rares… Pour le gamin que j’étais, c’était comme recevoir mon propre Faucon Millénium.

Les graphismes étaient frustes. Sur ces images ►, c’est mon vaisseau qui s’amarre à une station spatiale en rotation permanente.

Retour à notre époque où plusieurs jeux vidéo ont tenté de reproduire cette expérience de jeu. X3 ^wiki est, d’après moi le jeu qui s’en approche le plus, dans la série des jeux de type bac à sable dans l’espace.

Le jeu pique moins les yeux. Mon vaisseau est amarré à une station spatiale (un autre vaisseau est en train d’attaquer ladite station, on le voit par le moniteur secondaire).

D’une certaine façon, un élément basique de tous les jeux vidéo [actuels (NdT)] s’éloigne de cette expérience de bac à sable. Le jeu lui-même est plutôt lent, ce n’est pas un shoot-them-up en soi [un jeu où il faut détruire tous les ennemis (NdT)] (à moins de parvenir à gagner assez d’argent pour s’acheter de meilleurs vaisseaux). Les combats sont à envisager avec prudence et ils sont mortels.

Mais ça n’a pas beaucoup d’importance si tu peux juste recharger ta sauvegarde, non ? Tu peux te permettre de prendre tous les risques puisque tu reviendras juste un peu en arrière. Le fait d’échouer n’est plus tellement un facteur de stress, puisqu’il n’y aura pas de vraies conséquences suite à l’échec et à la prise de risque.

Par la suite, X3 a proposé le mode "mort, c’est mort" [C’est le niveau de difficulté le plus élevé dans un jeu vidéo ; on parle aussi souvent de Ironman, Extrême, etc. (NdT).]

"Mort, c’est mort", le titre est suffisamment éloquent. Il est impossible de faire plusieurs sauvegardes : la partie est sauvegardée uniquement quand on éteint le jeu. Par contre, la sauvegarde est hébergée en ligne (du coup il faut une connexion internet pour lancer la partie). Si jamais tu meurs dans le jeu, ta partie est effacée : pas de seconde chance ! ⁽²⁾)

Ce qui veut dire que tu pourrais passer des jours à faire du commerce de station en station, en essayant de récupérer assez d’argent pour acheter un nouveau vaisseau. Jusqu’au moment où tu baisses un peu ta garde, tu ne fais pas attention à ce pirate qui passait par là. Et boum, le vaisseau est détruit et pour rejouer, tu dois tout recommencer.

J’ai conscience que ça peut être une option qui en rebute plus d’un, mais c’est ce que je recherchais. Je suis mort plusieurs fois en m’habituant à cette nouvelle façon de penser. Parfois tué par des pirates ou d’autres ennemis, mais une fois c’est mon pilote automatique qui m’a écrasé sur un cargo (par ma propre faute : j’avais trop surmené les moteurs pour que l’autopilote puisse réagir en temps voulu).

Ce que je tiens à dire ici, c’est que cette façon de jouer m’a permis de faire la différence entre moi qui joue à un jeu normalement, et moi qui joue à un jeu où je risque de tout perdre. J’ai vraiment un vaisseau pourri alors je ne l’utilise pas pour engager des combats. Je vais devoir attendre d’avoir un bien meilleur vaisseau et de beaucoup l’améliorer avant de me sentir capable d’attaquer autre chose qu’un transporteur.

Ce qui fait parfaitement sens. Cela rend l’expérience de jeu plus authentique et la tension issue des confrontations est très réelle. J’avais la nuque de plus en plus tendue pendant que j’essayais désespérément d’atteindre une station spatiale tandis qu’un vaisseau de combat hostile cherchait à intercepter mon vaisseau. J’ai attendu des heures et des heures qu’il s’en aille, mais iI continuait à patrouiller autour de la station [ma destination]. Je suis parti faire autre chose, j’ai laissé le jeu tourner en espérant qu’il se lasse mais il n’est jamais parti. Finalement, j’ai attendu qu’il patrouille suffisamment loin de la station pour que je puisse foncer vers le portail le plus proche, en croisant les doigts pour qu’il ne me suive pas. Il ne l’a pas fait. Et j’ai eu la sensation que c’était une victoire bien plus importante que si j’avais réussi à abattre une douzaine de vaisseaux dans un affrontement spatial.

Ce n’est pas un mode de jeu qui plaira à tout le monde, mais, pour moi et pour ce type de jeu, c’est parfait.

Maintenant que j’ai repris l’habitude des commandes (en plus d’être désormais tout à fait conscient de ma propre mortalité), il est temps de se retrousser les manches et de voir si je peux rattraper Han Solo.

Article original : Video Games and Challenge